sexta-feira, 13 de março de 2009

REVUE SPIRITE JOURNAL

REVUE SPIRITE
JOURNAL
D'ETUDES PSYCHOLOGIQUES
CONTENANT
Le récit des manifestations matérielles ou intelligentes des Esprits, apparitions,
évocations, etc., ainsi que toutes les nouvelles relatives au Spiritisme. - L'enseignement
des Esprits sur les choses du monde visible et du monde invisible ; sur les sciences, la
morale, l'immortalité de l'âme, la nature de l'homme et son avenir. - L'histoire du
Spiritisme dans l'antiquité ; ses rapports avec le magnétisme et le somnambulisme ;
l'explication des légendes et croyances populaires, de la mythologie de tous les
peuples, etc.
FONDE PAR
ALLAN KARDEC
Tout effet a une cause. Tout effet intelligent a
une cause intelligente. La puissance de la cause
intelligente est en raison de la grandeur de l'effet.
_______
PREMIERE ANNEE. - 1858.
_______
PARIS
SOCIETE ANONYME
A PARTS D'INTERET ET A CAPITAL VARIABLE
DE LA CAISSE GENERALE ET CENTRALE DU SPIRITISME
Capital de fondation : 40,000 fr. - Siège et Administration : rue de Lille, 7.
Réserve de tous droits.
NOUVELLE EDITION
UNION SPIRITE FRANÇAISE ET FRANCOPHONE







REVUE SPIRITE
JOURNAL
D'ÉTUDES PSYCHOLOGIQUES
____________________________________________________
Introduction.
La rapidité avec laquelle se sont propagés dans toutes les parties du
monde les phénomènes étranges des manifestations spirites est une preuve
de l'intérêt qu'ils excitent. Simple objet de curiosité dans le principe, ils
n'ont pas tardé à éveiller l'attention des hommes sérieux qui ont entrevu,
dès l'abord, l'influence inévitable qu'ils doivent avoir sur l'état moral de la
société. Les idées nouvelles qui en surgissent se popularisent chaque jour
davantage, et rien n'en saurait arrêter le progrès, par la raison bien simple
que ces phénomènes sont à la portée de tout le monde, ou à peu près, et
que nulle puissance humaine ne peut les empêcher de se produire. Si on
les étouffe sur un point, ils reparaissent en cent autres. Ceux donc qui
pourraient y voir un inconvénient quelconque seront contraints, par la
force des choses, d'en subir les conséquences, comme cela a lieu pour les
industries nouvelles qui, à leur origine, froissent des intérêts privés, et
avec lesquelles tout le monde finit par s'arranger, parce qu'on ne peut faire
autrement. Que n'a-t-on pas fait et dit contre le magnétisme ! et pourtant
toutes les foudres qu'on a lancées contre lui, toutes les armes dont on l'a
frappé, même le ridicule, se sont émoussés devant la réalité, et n'ont servi
qu'à le mettre de plus en plus en évidence. C'est que le magnétisme est
une puissance naturelle, et que devant les forces de la nature, l'homme est
un pygmée semblable à ces petits roquets qui aboient inutilement contre
ce qui les effraie. Il en est des manifestations spirites comme du
somnambulisme ; si elles ne se produisent pas au grand jour,
publiquement, nul ne peut s'opposer à ce qu'elles aient lieu dans l'intimité,
puisque chaque famille peut trouver un médium parmi ses membres,
depuis l'enfant jusqu'au vieillard, comme elle peut trouver un
somnambule. Qui donc pourrait empêcher la première personne venue
d'être médium et somnambule ? Ceux qui com-
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battent la chose n'ont sans doute pas réfléchi à cela. Encore une fois, quand
une force est dans la nature, on peut l'arrêter un instant : l'anéantir, jamais !
on ne fait qu'en détourner le cours. Or la puissance qui se révèle dans le
phénomène des manifestations, quelle qu'en soit la cause, est dans la
nature, comme celle du magnétisme ; on ne l'anéantira donc pas plus qu'on
ne peut anéantir la puissance électrique. Ce qu'il faut faire, c'est de
l'observer, d'en étudier toutes les phases pour en déduire les lois qui la
régissent. Si c'est une erreur, une illusion, le temps en fera justice ; si c'est
la vérité, la vérité est comme la vapeur : plus on la comprime, plus grande
est sa force d'expansion.
On s'étonne avec raison que, tandis qu'en Amérique, les Etats-Unis seuls
possèdent dix-sept journaux consacrés à ces matières, sans compter une
foule d'écrits non périodiques, la France, celle des contrées de l'Europe où
ces idées se sont le plus promptement acclimatées, n'en possède pas un
seul1. On ne saurait donc contester l'utilité d'un organe spécial qui tienne le
public au courant des progrès de cette science nouvelle, et le prémunisse
contre l'exagération de la crédulité, aussi bien que contre celle du
scepticisme. C'est cette lacune que nous nous proposons de remplir par la
publication de cette Revue, dans le but d'offrir un moyen de
communication à tous ceux qui s'intéressent à ces questions, et de rattacher
par un lien commun ceux qui comprennent la doctrine spirite sous son
véritable point de vue moral : la pratique du bien et la charité évangélique à
l'égard de tout le monde.
S'il ne s'agissait que d'un recueil de faits, la tâche serait facile ; ils se
multiplient sur tous les points avec une telle rapidité, que la matière ne
ferait pas défaut ; mais des faits seuls deviendraient monotones par suite
même de leur nombre et surtout de leur similitude. Ce qu'il faut à l'homme
qui réfléchit, c'est quelque chose qui parle à son intelligence. Peu d'années
se sont écoulées depuis l'apparition des premiers phénomènes, et déjà nous
sommes loin des tables tournantes et parlantes, qui n'en étaient que
l'enfance. Aujourd'hui c'est une science qui dévoile tout un monde de
mystères, qui rend patentes les vérités éternelles qu'il n'était donné qu'à
notre esprit de pressentir ; c'est une doctrine sublime qui montre à l'homme
la route du devoir, et qui ouvre le champ le plus vaste qui ait encore été
donné à l'observation du philosophe. Notre oeuvre serait donc incomplète et
stérile si nous restions dans les étroites limites d'une revue anecdotique
dont l'intérêt serait bien vite épuisé.
1 Il n'existe jusqu'à présent en Europe qu'un seul journal consacré à la doctrine spirite, c'est le
Journal de l'âme, publié à Genève par le docteur Boessinger. En Amérique, le seul journal
français est le Spiritualiste de la Nouvelle Orléans, publié par M. Barthès.
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On nous contestera peut-être la qualification de science que nous
donnons au Spiritisme. Il ne saurait sans doute, dans aucun cas, avoir les
caractères d'une science exacte, et c'est précisément là le tort de ceux qui
prétendent le juger et l'expérimenter comme une analyse chimique ou un
problème mathématique ; c'est déjà beaucoup qu'il ait celui d'une science
philosophique. Toute science doit être basée sur des faits ; mais les faits
seuls ne constituent pas la science ; la science naît de la coordination et de
la déduction logique des faits : c'est l'ensemble des lois qui les régissent. Le
Spiritisme est-il arrivé à l'état de science ? Si l'on entend une science
parfaite, il serait sans doute prématuré de répondre affirmativement ; mais
les observations sont dès aujourd'hui assez nombreuses pour pouvoir en
déduire au moins des principes généraux, et c'est là que commence la
science.
L'appréciation raisonnée des faits et des conséquences qui en découlent
est donc un complément sans lequel notre publication serait d'une médiocre
utilité, et n'offrirait qu'un intérêt très secondaire pour quiconque réfléchit et
veut se rendre compte de ce qu'il voit. Toutefois, comme notre but est
d'arriver à la vérité, nous accueillerons toutes les observations qui nous
seront adressées, et nous essaierons, autant que nous le permettra l'état des
connaissances acquises, soit de lever les doutes, soit d'éclairer les points
encore obscurs. Notre revue sera ainsi une tribune ouverte, mais où la
discussion ne devra jamais s'écarter des lois les plus strictes des
convenances. En un mot, nous discuterons, mais nous ne disputerons pas.
Les inconvenances de langage n'ont jamais été de bonnes raisons aux yeux
des gens sensés ; c'est l'arme de ceux qui n'en ont pas de meilleure, et cette
arme retourne contre celui qui s'en sert.
Bien que les phénomènes dont nous aurons à nous occuper se soient
produits en ces derniers temps d'une manière plus générale, tout prouve
qu'ils ont eu lieu dès les temps les plus reculés. Il n'en est point des
phénomènes naturels comme des inventions qui suivent le progrès de
l'esprit humain ; dès lors qu'ils sont dans l'ordre des choses, la cause en est
aussi vieille que le monde, et les effets ont dû se produire à toutes les
époques. Ce dont nous sommes témoins aujourd'hui n'est donc point une
découverte moderne : c'est le réveil de l'antiquité, mais de l'antiquité
dégagée de l'entourage mystique qui a engendré les superstitions, de
l'antiquité éclairée par la civilisation et le progrès dans les choses positives.
La conséquence capitale qui ressort de ces phénomènes est la
communication que les hommes peuvent établir avec les êtres du monde
incorporel, et la connaissance qu'ils peuvent, dans certaines limites,
acquérir sur leur état futur. Le fait des communications avec le monde
invisible se trouve, en termes non équivoques, dans les livres
bibliques ; mais d'un côté, pour certains
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sceptiques, la Bible n'est point une autorité suffisante ; de l'autre, pour les
croyants, ce sont des faits surnaturels, suscités par une faveur spéciale de la
Divinité. Ce ne serait point là, pour tout le monde, une preuve de la
généralité de ces manifestations, si nous ne les trouvions à mille autres
sources différentes. L'existence des Esprits, et leur intervention dans le
monde corporel, est attestée et démontrée, non plus comme un fait
exceptionnel, mais comme un principe général, dans saint Augustin, saint
Jérôme, saint Chrysostome, saint Grégoire de Nazianze et beaucoup
d'autres Pères de l'Eglise. Cette croyance forme en outre la base de tous les
systèmes religieux. Les plus savants philosophes de l'antiquité l'ont
admise : Platon, Zoroastre, Confucius, Apulée, Pythagore, Apollonius de
Tyane et tant d'autres. Nous la trouvons dans les mystères et les oracles,
chez les Grecs, les Egyptiens, les Indiens, les Chaldéens, les Romains, les
Perses, les Chinois. Nous la voyons survivre à toutes les vicissitudes des
peuples, à toutes les persécutions, braver toutes les révolutions physiques et
morales de l'humanité. Plus tard nous la trouvons dans les devins et sorciers
du moyen âge, dans les Willis et les Walkiries des Scandinaves, les Elfes
des Teutons, les Leschies et les Domeschnies Doughi des Slaves, les
Ourisks et les Brownies de l'Ecosse, les Poulpicans et les Tensarpoulicts
des Bretons, les Cémis des Caraïbes, en un mot dans toute la phalange des
nymphes, des génies bons et mauvais, des sylphes, des gnomes, des fées,
des lutins dont toutes les nations ont peuplé l'espace. Nous trouvons la
pratique des évocations chez les peuples de la Sibérie, au Kamtchatka, en
Islande, chez les Indiens de l'Amérique du Nord, chez les aborigènes du
Mexique et du Pérou, dans la Polynésie et jusque chez les stupides
sauvages de la Nouvelle-Hollande. De quelques absurdités que cette
croyance soit entourée et travestie selon les temps et les lieux, on ne peut
disconvenir qu'elle part d'un même principe, plus ou moins défiguré ; or,
une doctrine ne devient pas universelle, ne survit pas à des milliers de
générations, ne s'implante pas d'un pôle à l'autre chez les peuples les plus
dissemblables, et à tous les degrés de l'échelle sociale, sans être fondée sur
quelque chose de positif. Quel est ce quelque chose ? C'est ce que nous
démontrent les récentes manifestations. Chercher les rapports qu'il peut y
avoir entre ces manifestations et toutes ces croyances, c'est chercher la
vérité. L'histoire de la doctrine spirite est en quelque sorte celle de l'esprit
humain ; nous aurons à l'étudier à toutes ses sources, qui nous fourniront
une mine inépuisable d'observations aussi instructives qu'intéressantes sur
des faits généralement peu connus. Cette partie nous donnera l'occasion
d'expliquer l'origine d'une foule de légendes et de croyances populaires, en
faisant la part de la vérité, de l'allégorie et de la superstition.
Pour ce qui concerne les manifestations actuelles, nous rendrons compte
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de tous les phénomènes patents dont nous serons témoin, ou qui viendront
à notre connaissance, lorsqu'ils nous paraîtront mériter l'attention de nos
lecteurs. Il en sera de même des effets spontanés qui se produisent souvent
chez les personnes même les plus étrangères à la pratique des
manifestations spirites, et qui révèlent soit l'action d'une puissance occulte,
soit l'indépendance de l'âme ; tels sont les faits de visions, apparitions,
double vue, pressentiments, avertissements intimes, voix secrètes, etc. A la
relation des faits nous ajouterons l'explication telle qu'elle ressort de
l'ensemble des principes. Nous ferons remarquer à ce sujet que ces
principes sont ceux qui découlent de l'enseignement même donné par les
Esprits, et que nous ferons toujours abstraction de nos propres idées. Ce
n'est donc point une théorie personnelle que nous exposerons, mais celle
qui nous aura été communiquée, et dont nous ne serons que l'interprète.
Une large part sera également réservée aux communications écrites ou
verbales des Esprits toutes les fois qu'elles auront un but utile, ainsi qu'aux
évocations des personnages anciens ou modernes, connus ou obscurs, sans
négliger les évocations intimes qui souvent ne sont pas les moins
instructives ; nous embrasserons, en un mot, toutes les phases des
manifestations matérielles et intelligentes du monde incorporel.
La doctrine spirite nous offre enfin la seule solution possible et
rationnelle d'une foule de phénomènes moraux et anthropologiques dont
nous sommes journellement. témoins, et dont on chercherait vainement
l'explication dans toutes les doctrines connues. Nous rangerons dans cette
catégorie, par exemple, la simultanéité des pensées, l'anomalie de certains
caractères, les sympathies et les antipathies, les connaissances intuitives,
les aptitudes, les propensions, les destinées qui semblent empreintes de
fatalité, et dans un cadre plus général, le caractère distinctif des peuples,
leur progrès ou leur dégénérescence, etc. A la citation des faits nous
ajouterons la recherche des causes qui ont pu les produire. De
l'appréciation des actes, il ressortira naturellement d'utiles enseignements
sur la ligne de conduite la plus conforme à la saine morale. Dans leurs
instructions, les Esprits supérieurs ont toujours pour but d'exciter chez les
hommes l'amour du bien par la pratique des préceptes évangéliques ; ils
nous tracent par cela même la pensée qui doit présider à la rédaction de ce
recueil.
Notre cadre, comme on le voit, comprend tout ce qui se rattache à la
connaissance de la partie métaphysique de l'homme ; nous l'étudierons dans
son état présent et dans son état futur, car étudier la nature des Esprits, c'est
étudier l'homme, puisqu'il doit faire un jour partie du monde des Esprits ;
c'est pourquoi nous avons ajouté à notre titre principal celui de journal
d'études psychologiques, afin d'en faire comprendre toute la portée.
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Nota. Quelque multipliées que soient nos observations personnelles, et
les sources où nous avons puisé, nous ne nous dissimulons ni les difficultés
de la tâche, ni notre insuffisance. Nous avons compté, pour y suppléer, sur
le concours bienveillant de tous ceux qui s'intéressent à ces questions ;
nous serons donc très reconnaissant des communications qu'ils voudront
bien nous transmettre sur les divers objets de nos études ; nous appelons à
cet effet leur attention sur ceux des points suivants sur lesquels ils pourront
nous fournir des documents :
1° Manifestations matérielles ou intelligentes obtenues dans les réunions
auxquelles ils sont à même d'assister ;
2° Faits de lucidité somnambulique et d'extase ;
3° Faits de seconde vue, prévisions, pressentiments, etc. ;
4° Faits relatifs au pouvoir occulte attribué, à tort ou à raison, à certains
individus ;
5° Légendes et croyances populaires ;
6° Faits de visions et apparitions ;
7° Phénomènes psychologiques particuliers qui s'accomplissent
quelquefois à l'instant de la mort ;
8° Problèmes moraux et psychologiques à résoudre ;
9° Faits moraux, actes remarquables de dévouement et d'abnégation dont
il peut être utile de propager l'exemple ;
10° Indication d'ouvrages anciens ou modernes, français ou étrangers, où
se trouvent des faits relatifs à la manifestation des intelligences occultes,
avec la désignation et, s'il se peut, la citation des passages. Il en est de
même en ce qui concerne l'opinion émise sur l'existence des Esprits et leurs
rapports avec les hommes par les auteurs anciens ou modernes dont le nom
et le savoir peuvent faire autorité.
Nous ne ferons connaître les noms des personnes qui voudront bien nous
adresser des communications qu'autant que nous y serons formellement
autorisé.
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Différentes natures de manifestations.
Les Esprits attestent leur présence de diverses manières, selon leur
aptitude, leur volonté et leur plus ou moins grand degré d'élévation. Tous
les phénomènes dont nous aurons occasion de nous occuper se rapportent
naturellement à l'un ou à l'autre de ces modes de communication. Nous croyons
donc devoir, pour faciliter l'intelligence des faits, ouvrir la série de nos
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articles par le tableau des différentes natures de manifestations. On peut les
résumer ainsi :
1° Action occulte, quand elle n'a rien d'ostensible. Telles sont, par
exemple, les inspirations ou suggestions de pensées, les avertissements
intimes, l'influence sur les événements, etc.
2° Action patente ou manifestation, quand elle est appréciable d'une
manière quelconque.
3° Manifestations physiques ou matérielles ; ce sont celles qui se
traduisent par des phénomènes sensibles, tels que les bruits, le mouvement
et le déplacement des objets. Ces manifestations ne comportent très
souvent aucun sens direct ; elles n'ont pour but que d'appeler notre
attention sur quelque chose, et de nous convaincre de la présence d'une
puissance extra-humaine.
4° Manifestations visuelles, ou apparitions, quand l'Esprit se produit à la
vue sous une forme quelconque, sans avoir rien des propriétés connues de
la matière.
5° Manifestations intelligentes, quand elles révèlent une pensée. Toute
manifestation qui comporte un sens, ne fût-ce qu'un simple mouvement ou
un bruit qui accuse une certaine liberté d'action, répond à une pensée ou
obéit à une volonté, est une manifestation intelligente. Il y en a de tous les
degrés.
6° Les communications ; ce sont les manifestations intelligentes qui ont
pour objet un échange suivi de pensée entre l'homme et les Esprits.
La nature des communications varie selon le degré d'élévation ou
d'infériorité, de savoir ou d'ignorance de l'Esprit qui se manifeste, et selon
la nature du sujet que l'on traite. Elles peuvent être : frivoles, grossières,
sérieuses ou instructives.
Les communications frivoles émanent d'Esprits légers, moqueurs et
espiègles, plus malins que méchants, qui n'attachent aucune importance à
ce qu'ils disent.
Les communications grossières se traduisent par des expressions qui
choquent les bienséances. Elles n'émanent que d'Esprits inférieurs ou qui
n'ont pas encore dépouillé toutes les impuretés de la matière.
Les communications sérieuses sont graves quant au sujet et à la manière
dont elles sont faites. Le langage des Esprits supérieurs est toujours digne
et pur de toute trivialité. Toute communication qui exclut la frivolité et la
grossièreté, et qui a un but utile, fût-il d'intérêt privé, est par cela même
sérieuse.
Les communications instructives sont les communications sérieuses qui
ont pour objet principal un enseignement quelconque donné par les Esprits
sur les sciences, la morale, la philosophie, etc. Elles sont plus ou moins pro-
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fondes et plus ou moins dans le vrai, selon le degré d'élévation et de
dématérialisation de l'Esprit. Pour retirer de ces communications un fruit
réel, il faut qu'elles soient régulières et suivies avec persévérance. Les
Esprits sérieux s'attachent à ceux qui veulent s'instruire et ils les secondent,
tandis qu'ils laissent aux Esprits légers le soin d'amuser par des facéties
ceux qui ne voient dans ces manifestations qu'une distraction passagère. Ce
n'est que par la régularité et la fréquence des communications qu'on peut
apprécier la valeur morale et intellectuelle des Esprits avec lesquels on
s'entretient, et le degré de confiance qu'ils méritent. S'il faut de l'expérience
pour juger les hommes, il en faut plus encore peut-être pour juger les
Esprits.
__________
Différents modes de communications.
Les communications intelligentes entre les Esprits et les hommes peuvent
avoir lieu par les signes, par l'écriture et par la parole.
Les signes consistent dans le mouvement significatif de certains objets,
et plus souvent dans les bruits ou coups frappés. Lorsque ces phénomènes
comportent un sens, ils ne permettent pas de douter de l'intervention d'une
intelligence occulte, par la raison que si tout effet a une cause, tout effet
intelligent doit avoir une cause intelligente.
Sous l'influence de certaines personnes, désignées sous le nom de
médiums, et quelquefois spontanément, un objet quelconque peut exécuter
des mouvements de convention, frapper un nombre déterminé de coups et
transmettre ainsi des réponses par oui et par non ou par la désignation des
lettres de l'alphabet.
Les coups peuvent aussi se faire entendre sans aucun mouvement
apparent et sans cause ostensible, soit à la surface, soit dans les tissus
même des corps inertes, dans un mur, dans une pierre, dans un meuble ou
tout autre objet. De tous ces objets les tables étant les plus commodes par
leur mobilité et par la facilité qu'on a de se placer autour, c'est le moyen
dont on s'est le plus fréquemment servi : de là la désignation du phénomène
en général par les expressions assez triviales de tables parlantes et de
danse des tables ; expressions qu'il convient de bannir, d'abord parce
qu'elles prêtent au ridicule, secondement parce qu'elles peuvent induire en
erreur en faisant croire que les tables ont à cet égard une influence spéciale.
Nous donnerons à ce mode de communication le nom de sématologie
spirite, mot qui rend parfaitement l'idée et comprend toutes les variétés de
communications par signes, mouvement des corps ou coups frappés. Un de nos
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correspondants nous proposait même de désigner spécialement ce dernier
moyen, celui des coups, par le mot typtologie.
Le second mode de communication est l'écriture ; nous le désignerons
sous le nom de psychographie également employé par un correspondant.
Pour se communiquer par l'écriture, les Esprits emploient, comme
intermédiaires, certaines personnes douées de la faculté d'écrire sous
l'influence de la puissance occulte qui les dirige, et qui cèdent à un pouvoir
évidemment en dehors de leur contrôle ; car elles ne peuvent ni s'arrêter, ni
poursuivre à volonté, et le plus souvent n'ont pas conscience de ce qu'elles
écrivent. Leur main est agitée par un mouvement involontaire, presque
fébrile ; elles saisissent le crayon malgré elles, et le quittent de même ; ni la
volonté, ni le désir ne peuvent le faire marcher s'il ne le doit pas. C'est la
psychographie directe.
L'écriture s'obtient aussi par la seule imposition des mains sur un objet
convenablement disposé et muni d'un crayon ou de tout autre instrument
propre à écrire. Les objets le plus généralement employés sont des
planchettes ou des corbeilles disposées à cet effet. La puissance occulte qui
agit sur la personne se transmet à l'objet, qui devient ainsi un appendice de
la main, et lui imprime le mouvement nécessaire pour tracer des caractères.
C'est la psychographie indirecte.
Les communications transmises par la psychographie sont plus ou moins
étendues, selon le degré de la faculté médiatrice. Quelques-uns n'obtiennent
que des mots ; chez d'autres la faculté se développe par l'exercice, et ils
écrivent des phrases complètes, et souvent des dissertations développées
sur des sujets proposés, ou traités spontanément par les Esprits sans être
provoqués par aucune question.
L'écriture est quelquefois nette et très lisible ; d'autres fois elle n'est
déchiffrable que pour celui qui écrit, et qui la lit alors par une sorte
d'intuition ou de double vue.
Sous la main de la même personne l'écriture change en général d'une
manière complète avec l'intelligence occulte qui se manifeste, et le même
caractère d'écriture se reproduit chaque fois que la même intelligence se
manifeste de nouveau. Ce fait, cependant, n'a rien d'absolu.
Les Esprits transmettent quelquefois certaines communications écrites sans
intermédiaire direct. Les caractères, dans ce cas, sont tracés spontanément
par une puissance extra-humaine, visible ou invisible. Comme il est utile que
chaque chose ait un nom, afin de pouvoir s'entendre, nous donnerons à ce
mode de communication écrite celui de spiritographie, pour le distinguer de
la psychographie ou écriture obtenue par un médium. La différence de ces
deux mots est facile à saisir. Dans la psychographie, l'âme du mé-
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dium joue nécessairement un certain rôle, au moins comme intermédiaire,
tandis que dans la spiritographie c'est l'Esprit qui agit directement par luimême.
Le troisième mode de communication est la parole. Certaines personnes
subissent dans les organes de la voix l'influence de la puissance occulte qui
se fait sentir dans la main de celles qui écrivent. Elles transmettent par la
parole tout ce que d'autres transmettent par l'écriture.
Les communications verbales, comme les communications écrites, ont
quelquefois lieu sans intermédiaire corporel. Des mots et des phrases
peuvent retentir à nos oreilles ou dans notre cerveau, sans cause physique
apparente. Des Esprits peuvent également nous apparaître en songe ou dans
l'état de veille, et nous adresser la parole pour nous donner des
avertissements ou des instructions.
Pour suivre le même système de nomenclature que nous avons adopté
pour les communications écrites, nous devrions appeler la parole transmise
par le médium psychologie, et celle provenant directement de l'Esprit
spiritologie. Mais le mot psychologie ayant déjà une acception connue,
nous ne pouvons l'en détourner. Nous désignerons donc toutes les
communications verbales sous le nom de spiritologie, les premières par les
mots de spiritologie médiate, et les secondes par ceux de spiritologie
directe.
Des différents modes de communication, la sématologie est le plus
incomplet ; il est très lent et ne se prête qu'avec difficulté à des
développements d'une certaine étendue. Les Esprits supérieurs ne s'en
servent pas volontiers, soit à cause de la lenteur, soit parce que les réponses
par oui et par non sont incomplètes et sujettes à erreur. Pour
l'enseignement, ils préfèrent les plus prompts : l'écriture et la parole.
L'écriture et la parole sont en effet les moyens les plus complets pour la
transmission de la pensée des Esprits, soit par la précision des réponses,
soit par l'étendue des développements qu'elles comportent. L'écriture a
l'avantage de laisser des traces matérielles, et d'être un des moyens les plus
propres à combattre le doute. Du reste, on n'est pas libre de choisir ; les
esprits se communiquent par les moyens qu'ils jugent à propos : cela
dépend des aptitudes.
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Réponses des Esprits à quelques questions.
Dem. Comment des Esprits peuvent-ils agir sur la matière ? cela semble
contraire à toutes les idées que nous nous faisons de la nature des Esprits.
Rép. « Selon vous, l'Esprit n'est rien, c'est une erreur ; nous l'avons dit,
l'Esprit est quelque chose, c'est pourquoi il peut agir par lui-même : mais
votre monde est trop grossier pour qu'il puisse le faire sans intermédiaire,
c'est-à-dire sans le lien qui unit l'Esprit à la matière. »
Remarque. Le lien qui unit l'Esprit à la matière étant lui-même, sinon
immatériel, du moins impalpable, cette réponse ne résoudrait pas la
question si nous n'avions l'exemple de puissances également insaisissables
agissant sur la matière ; c'est ainsi que la pensée est la cause première de
tous nos mouvements volontaires ; que l'électricité renverse, soulève et
transporte des masses inertes. De ce qu'on ne connaît pas le ressort, il serait
illogique de conclure qu'il n'existe pas. L'Esprit peut donc avoir des leviers
qui nous sont inconnus ; la nature nous prouve tous les jours que sa
puissance ne s'arrête pas au témoignage des sens. Dans les phénomènes
spirites, la cause immédiate est sans contredit un agent physique ; mais la
cause première est une intelligence qui agit sur cet agent, comme notre
pensée agit sur nos membres. Quand nous voulons frapper, c'est notre bras
qui agit, ce n'est pas la pensée qui frappe : elle dirige le bras.
Dem. Parmi les Esprits qui produisent des effets matériels, ceux que l'on
appelle frappeurs forment-ils une catégorie spéciale, ou bien sont-ce les
mêmes qui produisent les mouvements et les bruits ?
Rép. « Le même Esprit peut certainement produire des effets très
différents, mais il y en a qui s'occupent plus particulièrement de certaines
choses, comme, parmi vous, vous avez des forgerons et des faiseurs de
tours de force. »
Dem. L'Esprit qui agit sur les corps solides, soit pour les mouvoir, soit
pour frapper, est-il dans la substance même du corps, ou bien en dehors de
cette substance ?
Rép. « L'un et l'autre ; nous avons dit que la matière n'est point un
obstacle pour les Esprits : ils pénètrent tout. »
Dem. Les manifestations matérielles, telles que les bruits, le mouvement
des objets et tous ces phénomènes que l'on se plaît souvent à provoquer,
sont-elles produites indistinctement par les Esprits supérieurs et par les
Esprits inférieurs ?
Rép. « Ce ne sont que les Esprits inférieurs qui s'occupent de ces choses.
Les Esprits supérieurs s'en servent quelquefois comme tu ferais d'un porte-
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faix, afin d'amener à les écouter. Peux-tu croire que les Esprits d'un ordre
supérieur soient à vos ordres pour vous amuser par des pasquinades ? C'est
comme si tu demandais si, dans ton monde, ce sont des hommes savants et
sérieux qui font les jongleurs et les bateleurs. »
Remarque. Les Esprits qui se révèlent par des effets matériels sont en
général d'un ordre inférieur. Ils amusent ou étonnent ceux pour qui le
spectacle des yeux a plus d'attrait que l'exercice de l'intelligence ; ce sont
en quelque sorte les saltimbanques du monde spirite. Ils agissent
quelquefois spontanément ; d'autres fois, par l'ordre d'Esprits supérieurs.
Si les communications des Esprits supérieurs offrent un intérêt plus
sérieux, les manifestations physiques ont également leur utilité pour
l'observateur ; elles nous révèlent des forces inconnues dans la nature, et
nous donnent le moyen d'étudier le caractère, et, si nous pouvons nous
exprimer ainsi, les moeurs de toutes les classes de la population spirite.
Dem. Comment prouver que la puissance occulte qui agit dans les
manifestations spirites est en dehors de l'homme ? Ne pourrait-on pas
penser qu'elle réside en lui-même, c'est-à-dire qu'il agit sous l'impulsion de
son propre Esprit ?
Rép. « Quand une chose se fait contre ta volonté et ton désir, il est certain
que ce n'est pas toi qui la produis ; mais souvent tu es le levier dont l'Esprit
se sert pour agir, et ta volonté lui vient en aide ; tu peux être un instrument
plus ou moins commode pour lui. »
Remarque. C'est surtout dans les communications intelligentes que
l'intervention d'une puissance étrangère devient patente. Lorsque ces
communications sont spontanées et en dehors de notre pensée et de notre
contrôle, lorsqu'elles répondent à des questions dont la solution est
inconnue des assistants, il faut bien en chercher la cause en dehors de nous.
Cela, devient évident pour quiconque observe les faits avec attention et
persévérance ; les nuances de détail échappent à l'observateur superficiel.
Dem. Tous les Esprits sont-ils aptes à donner des manifestations
intelligentes ?
Rép. « Oui, puisque tous les Esprits sont des intelligences ; mais, comme
il y en a de tous les degrés, c'est comme parmi vous ; les uns disent des
choses insignifiantes ou stupides, les autres des choses sensées. »
Dem. Tous les Esprits sont-ils aptes à comprendre les questions qu'on
leur pose ?
Rép. « Non ; les Esprits inférieurs sont incapables de comprendre
certaines questions, ce qui ne les empêche pas de répondre bien ou mal ;
c'est encore comme parmi vous. »
Remarque. On voit par là combien il est essentiel de se mettre en garde
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contre la croyance au savoir indéfini des Esprits. Il en est d'eux comme des
hommes ; il ne suffit pas d'interroger le premier venu pour avoir une
réponse sensée, il faut savoir à qui l'on s'adresse.
Quiconque veut connaître les moeurs d'un peuple doit l'étudier depuis le
bas jusqu'au sommet de l'échelle ; n'en voir qu'une classe, c'est s'en faire
une idée fausse si l'on juge le tout par la partie. Le peuple des Esprits est
comme les nôtres ; il y a de tout, du bon, du mauvais, du sublime, du
trivial, du savoir et de l'ignorance. Quiconque ne l'a pas observé en
philosophe à tous les degrés ne peut se flatter de le connaître. Les
manifestations physiques nous font connaître les Esprits de bas étage ; c'est
la rue et la chaumière. Les communications instructives et savantes nous
mettent en rapport avec les Esprits élevés ; c'est l'élite de la société : le
château, l'institut.

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Boa Leitura

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